Lorsqu’on auto-construit ou auto-rénove, c’est parfois compliqué de trouver des informations fiables, même lorsqu’on essaye de se tourner vers les bonnes personnes. Notre mésaventure avec nos raccords multicouche à sertir en est une très bonne illustration.
Un sertissage avec un bourrelet
Pour installer notre platine de douche, nous avons opté pour un système multicouche à sertir. Le sertissage se fait avec une pince qui vient compresser une bague en inox autour du tuyau et grâce à un ou plusieurs joints (suivant les marques) l’étanchéité est parfaite.
La pince à sertir dispose de plusieurs mors ou matrice interchangeables à choisir en fonction du type de la marque du raccord à sertir : TH, H, U… Hé oui, ça serait trop simple si tous les fabricants se mettaient d’accord entre eux…
Nous avons donc acheté une platine de douche et emprunté une pince à sertir manuelle. Après avoir bien ébavuré nos tuyaux et fait tous les réglages, on se lance dans le sertissage de la platine.
Première curiosité, il faut forcer vraiment beaucoup. Bon, je n’ai pas autant de muscle de Schwarzy, mais quand même… Surtout que j’avais déjà serti quelques autres raccords et que je n’avais jamais dû forcer à ce point là. Mais surtout, une fois la pince retirée, on se rend compte de la présence d’un bourrelet sur le raccord à sertir, ce qui nous semble inhabituel.
On regarde sur le site du fabricant, on fait quelques recherches sur internet et effectivement, on ne trouve pas de photos avec ce type de bourrelet. Le sertissage est homogène sur tout le tour du raccord sur chaque photo qu’on trouve. On se rend à l’évidence : On a dû foirer notre sertissage. Peut être un problème de positionnement de la pince, un défaut du raccord ou quelque chose comme ça. L’enquête commence…
Un défaut du raccord ?
Comme un platine de douche à sertir ça coûte quand même assez cher (Plus de 70€) et qu’une fois le sertissage loupé elle est juste bonne à finir à la poubelle, on décide d’acheter, en plus d’une nouvelle platine d’une autre marque, quelque raccord de la même marque, pour faire quelques tests et vérifier que le problème ne vient pas d’ailleurs. Excellente décision de notre part, puisqu’en essayant de faire un sertissage avec un simple raccord, on obtient le même résultat.
Le problème ne vient donc pas d’un défaut des raccords (2 marques différentes). Il reste notre incompétence ou un problème au niveau de la pince.
Un problème d’utilisation de la pince à sertir ?
On regarde donc à nouveau des dizaines de vidéos, on lit la notice de la pince, on demande à la personne qui nous a prêté la pince et qui à l’habitude de sertir : Aucun problème au niveau de l’utilisation de la pince, on s’en sert correctement. Avec les raccords type TH il est d’ailleurs assez difficile de se tromper, car un petit anneau en plastique du raccord vient se caler dans la matrice de la pince, le positionnement est donc automatiquement le bon.
Une pince ou des mors défectueux ?
Les raccords sont bons, l’utilisation de la pince est bonne. Il reste la possibilité d’un défaut au niveau de la pince. On inspecte, on réfléchit, on cherche. Et on remarque une petite curiosité sur les mors de la pince. Une fois fermés et donc en position de sertissage « finale », les mors ne forment pas un cercle parfait, mais plutôt un ovale.
En réfléchissant, cela explique assez bien qu’on se retrouve avec un bourrelet à la fin du sertissage. Vu la taille des raccords et l’ovalité de la matrice, il y a forcement un peu de matière « en trop » qui se retrouve donc sur les bourrelets.
Peut-être un défaut du mors ? Ce qui est curieux, c’est que le mors de 16mm et celui de 20mm ont exactement ce même profil ovale, ce qui semble assez improbable pour un défaut de fabrication.
On décide donc de contacter le vendeur de la pince pour lui poser la question en lui montrant les photos de nos raccords une fois sertis. Pour lui, aucun problème tout est normal.
Malheureusement cela ne suffit pas à nous rassurer. Notamment car lors de nos recherches nous sommes tombés sur une documentation technique d’un fabricant de raccords qui explique qu’il a un petit outil pour vérifier que le sertissage s’est bien passé :
Il s’agit d’un outil en forme de demi-lune qui doit être inséré autour du raccord serti. L’outil doit parfaitement épouser la forme et on doit pouvoir faire pivoter l’instrument à 360° autour du raccord sans entrave. Aucun doute possible donc, notre sertissage ne passerait pas ce test et donc le sertissage est mauvais.
L’avis de la communauté Internet
Nous avons aussi demandé l’avis à notre super communauté Instagram :
Encore une fois, des résultats mitigés : Environ 50% qui trouve ça normal et 50% non. En message privé, certains plombiers nous disent que ça ira très bien, d’autres nous conseillent de recommencer.
On se tourne donc vers le groupe Facebook d’entraide de LJVS pour essayer de comprendre ce qui se passe avec nos sertissages.
Bref, c’est plutôt mitigé, même si dans l’ensemble des réponses ont doit être à 70% C’est ok, ça va le faire et 30% faut recommencer. Le souci c’est que le raccord étant encastré, derrière du travertin, on n’a pas envie de découvrir une fuite dans quelques mois ou années et devoir casser le travertin, changer le raccord, reposer un carreau, refaire des joints… On a besoin d’être sûr à 100%.
Résumé de la situation
Après plusieurs jours de recherche, de questions, de tests, d’avis bienveillants d’Internet, on peut résumer les réponses à ça :
- Documentation technique des fabricants : C’est pas bon.
- Vendeur de la pince à sertir : C’est bon.
- Communauté Internet : C’est bon. Ou pas.
Changement de pince
On décide finalement de modifier la seule chose qu’on n’a pas changée depuis le début de nos tests : La pince à sertir. Le problème c’est qu’il semble que beaucoup de pinces manuelles proviennent toutes plus ou moins du même fabricant, donc le problème risque d’être le même (ou pas, c’est un mystère…) mais à plus de 100 voir 200€ la pince, ça fait prendre un risque un peu cher si ça ne marche pas.
On se tourne donc vers les pinces à sertir électriques. Notre première idée est d’en louer une. C’est environ 50€ la journée, le problème c’est que le seul magasin qui la loue à ce prix là est à plus de 4h de route de chez nous. On a même pas le temps de faire l’aller-retour dans la journée et de sertir notre raccord. Donc il faut louer au minimum pour 2 jours et donc payer plus de 100€ (sans compter l’essence + l’impact écologique) pour sertir nos 2 raccords de platines de douche. Et il faudra la louer à nouveau pour faire le reste de notre plomberie. (Les loueurs plus proches de nous facturent la journée plus de 90€ HT, donc le problème est le même…)
Finalement, après en avoir discuté autour de nous, on décide de commander une sertisseuse électrique. Alors oui, le prix est élevé, pratiquement 1500€. On pourrait même dire démesuré pour notre petite installation de plomberie. Mais l’idée c’est de l’acheter à plusieurs, faire chacun nos travaux dans nos maisons respectives puis de la revendre, quasiment neuve. Si on en prend soin, la perte de valeur est très faible et c’est finalement bien plus rentable que la location avec plus de libertés et de temps pour l’utiliser.
Une fois reçue, les premiers tests sont concluants ! Le sertissage est parfait et sans bourrelet. On a enfin trouvé une solution à notre problème. On va pouvoir sertir notre platine de douche et continuer d’avancer notre chantier !
Conclusion : Parfois c’est vraiment la misère
Ce qui nous semble intéressant dans cette mésaventure, c’est que ça illustre plusieurs choses qu’on retrouve constamment sur un chantier d’auto-construction.
Les petits imprévus
Parfois, un petit imprévu peut se transformer en casse-tête qui prend beaucoup de temps et d’argent. On avait déjà serti des raccords multicouche, et sertir la platine de la douche aurait dû nous prendre quelques minutes. Mais c’est finalement plusieurs jours de recherches, d’aller-retour à plus de 50Km pour trouver une autre platine et d’autres raccords, de tests, de questionnement, de chantier bloqué…
Et puis finalement, au lieu d’une pince empruntée gratuitement à un ami, on se retrouve à devoir en acheter une haut de gamme pour pouvoir continuer d’avancer.
Les grosses questions
Ce problème de mauvais sertissage est aussi un bon exemple de la difficulté à trouver certaines réponses et d’être sûr à 100%. Même avec internet, les DTU, les notices techniques, les commerciaux, les livres, des conseils de pros…On n’arrive pas toujours à avoir une réponse définitive et unanime. Bien souvent c’est contradictoire, et il faut soi-même faire l’arbitrage en espérant prendre la bonne décision. Ce n’est pas toujours facile, surtout quand certaines décisions impliquent plus d’argent et plus de temps.
Ah et puis là, on vous a même épargné un autre aspect des raccords multicouche à sertir, qui concerne les joints de ces raccords. Est-ce qu’ils doivent impérativement être écrasés lors du sertissage ou surtout pas ?
L’aventure est à peu près la même que pour notre histoire de bourrelet : Oui, non, ça dépend de qui on écoute : la doc technique, le commercial, les pros, les forums… On vous fera un article dédié à ce sujet, car il y a encore beaucoup à dire…
Avec de la persévérance, on s’en sort toujours
Mais malgré toutes ces difficultés, on s’en est quand même sorti, car il y a toujours une solution aux problèmes. On a fait le choix de la solution la plus sûre, histoire de dormir sur nos deux oreilles et de ne pas avoir de fuites dans quelque temps. C’était un moment difficile, qui nous a mis un gros coup au morale, mais au moins maintenant nous sommes sereins.
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